mardi 19 novembre 2019

Rouen Gallo Romain, La Haute Vielle Tour au 2 eme siècle

Jacques Ecrement gemmologue diplomé etc...etc..a réagi a mon article

https://www.richardjeanjacques.com/2012/02/un-atelier-dorfevre-rouen-au-ii-eme.html

Jacques Ecrement Merci pour ce bel article sur cette période intéressante et peu publiée.


C'est vrai qu'il y a peu de publications sur cette époque gallo-romaine en matière de bijoux, Rouen n'est pas Pompéi mais à quelques mètres sous terre, les archéologues ont fait des découvertes merveilleuses. Pourtant, tout avait été labouré par des années de bombardements.


Tout ce qu'il y avait entre la Cathédrale et la Seine avait été détruit, il restait quelques pans de murs des plus vieux quartiers.




Après-guerre, on appliqua le plan que les allemands avait prévu avant la fin de la guerre pour reconstruire, on suréleva la ville (c'était bien face aux inondations régulières)  et on arasa les immeubles détruits , cela fit du remblai.




De cette Halle aux toiles, il ne restait rien, sauf la chapelle catholique de la Fierté Saint Romain, la halle aux toiles derrière fut reconstruite à l'identique .
Sur cette photo les archéologues avaient commencé à travailler , alors que les arbres n'étaient pas encore abattus

 
La Halle Aux Toiles est le bâtiment sud des anciennes Halles de Rouen, construit dans la seconde moitié du XIIe siècle.
L'origine de son nom vient du fait qu'un marché de toiles s'y trouvait, complétant ainsi la Halle aux Grains (coton) et la Halle aux Draps. On y vendait du linge, des ustensiles de tout genre, mais particulièrement de la faïence, de la poterie et de la verrerie. Ce fut autrefois le plus grand marché de France.
La Fierté Saint-Romain, date de la renaissance des arts. C'était au premier étage de ce monument qu'avait lieu la 'levée de la Fierté', pour la délivrance d'un prisonnier. Rouen.fr
La place du marché fut agrandie et se transforma en parking, puis il fut décidé d'y faire dans les années 80 un parking souterrain.

Mais la Seine est proche, de toutes les collines autour de Rouen descend de l'eau , il y a même des ruisseaux souterrains comme le Robec ou l'aubette et au 1ᵉʳ siècle, c'était une zone marécageuse. Donc pour construire ce parking , on ne pouvait se contenter de creuser, et l'Entreprise Morillon Corvol Coubot
Elle eut recours à des Palplanches. C'est un de mes amis qui était chef de chantier.



Une palplanche était une planche servant à consolider une galerie de mine afin d'éviter les éboulements. Le mot désigne généralement aujourd'hui un pieu profilé conçu pour être battu en terre ou dans le sédiment et s'enclenchant aux pieux voisins par l'intermédiaire de nervures latérales appelées serrures.
Vous voyez donc l'assemblage des Palplanches, travail délicat 



Les Palplanches sont hissées, puis assemblées , car l'étanchéité doit être parfaite, de plus, elles retiennent la pression des terrains avoisinants.


Assemblage de deux palplanches



Courageux cet homme !


Il va falloir faire ainsi tout le tour de la place




Et ces palplanches vont être enfoncées avec un marteau vibreur suspendu à une grue


C'est un engin extrêmement bruyant, capable d'une cadence de battage de plusieurs dizaines de percussions à la minute, peu supportable pour les riverains.


Et voilà, quelques mois plus tard, le tour de la place est fini, on peut dégager le centre de ce qui le remplit, et là !!! surprise. Enfin à moitié, car des qu'on creuse à Rouen, on trouve. Et dans ce cas comme dans les autres , il y a intervention de la circonscription des antiquités historiques de Haute-Normandie et celle-ci durera de septembre 1978 a janvier 1979.
Au sud de la place se trouvait un mur épais de 50 cms qui traversait toute la place d'est en ouest à 4,50 m de profondeur et construit de gros blocs de pierre posés à sec. Certainement le premier quai de Rotomagus. Je profite du jour de l'an  pour aller sur le chantier de fouilles, mais il a neigé.


Nos archéologues (que je citerai à la fin) ont vite compris l'importance de la découverte, car en plein milieu de grandes salles d'entrepôts se trouve une villa urbaine, classique, d'origine Latine.
Autour d'une aire centrale quadrangulaire se répartissent les pièces chauffées par Hypocauste.
L'hypocauste (hypocaustum) est le nom donné au système de chauffage par le sol utilisé à l'époque romaine, dans l'ensemble de l'Empire, et notamment par les gallo-romains, dans les thermes romains et les bains.



C'est un puits à eau , dans ce puits, mon ami  Patrick Halbout a retrouvé un plat de bronze de 38 cm de diamètre avec ses deux anses, plat intact, divers autres objets, qui se trouvaient dans un coffre de plomb doublé de bronze. 


En arrière du quai, de grosses poutres, posées à plat sur des pieux de bois, constituaient le platelage du quai, on peut situer la construction du quai au cours de la seconde moitié du 1ᵉʳ siècle de notre ère.




Les thermes vus de l'est


Dans le couloir du péristyle, une peinture était conservée sur trois mètres cinquante. On observa une plinthe jaune de quarante cms de haut surmontée de trois panneaux à fond gris-noir avec des plages colorées irrégulières en forme d'ondes et de couleurs variées : Blanc , Bleu clair, ocre, jaune , rose, brun Ce décor est une imitation de marbres ou de pierres précieuses.


Ce bloc calcaire monolithe de 2 m5 sur 1 m50, est creusé d'une gouttière sur tout le pourtour et devait servir de pressoir, 4 tonnes 5 environ.


La quasi-totalité des pièces était décorée d'enduits peints



Au début du 3e siècle, un incendie accidentel a ravagé la villa. La fontaine cultuelle n'est plus utilisée et le puits est comblé et transformé en puits votif. Mais la Villa a été reconstruite et dotée de bains (thermes) luxueux situés au sud


J'emprunte au journal "la Montagne " (j'espère qu'ils ne m'en voudront pas) leur excellent dessin qui explique bien l'hypocauste




Vous retrouvez donc les pillettes du dessin précédent et les tubuli qui permettaient a la chaleur qui chauffait le rez-de-chaussée de monter à l'étage



Un des tubuli


Sous la bâche en plastique, une vasque, mon ami archéologue  Patrick Halbout la soulève, et…



C'est une vasque dont le jet d'eau était alimenté par un puits artésien qui servait aussi de petit lieu de culte familial, à l'intérieur des pièces de monnaie.




Et voilà, la fouille est terminée, le chantier va pouvoir continuer
Mais je ne me suis pas arrêté là , j'ai continué de photographier ces travaux spectaculaires jusqu'à l'inauguration, et j'ai eu le plaisir de me voir demander mon dossier photos qui fut exposé par l'entreprise pour l'inauguration.


L'auréus




A propos de cet Aureus que j'ai  nettoyé avec amour , il était monté en bijou, déjà!!! j'ai écrit à son sujet : 
https://www.richardjeanjacques.com/2007/07/monnaies-montes-en-bijoux-cest-pas.html https://www.richardjeanjacques.com/2007/07/monnaies-montes-en-bijoux-cest-pas.html
Je l'ai photographié et aussi........



J'ai eu la chance de pouvoir pendant deux mois exposer dans mes vitrines tous les objets (pas trop volumineux) retrouvés, j'avais donc convié mes clients et durant ce temps mon magasin devint un petit musée.




Ce petit pot en céramique métallescente 1ʳᵉ moitié du IIe siècle est grand comme un gros pot de confitures, il est resté une énigme, pourquoi la panse est hérissée de picots très pointus??? 


Au bout de quelques années, toutes les découvertes de l'équipe archéologique furent exposées au musée des beaux-arts et vous pourriez penser que cela n'intéressait pas les Rouennais ? ils furent plus de 15.000 à venir, à commencer par notre maire Jean Lecanuet.  Voici donc les archéologues et les équipes bénévoles qui les ont aidés, j'ai l'honneur de figurer dans la liste.

Une question richard.jeanjacques@gmail.com
Un commentaire, par mail ou ci*dessous


Sinice Debacq: paire de boucles d'oreilles

 wizz  m'écrit Pièces jointes  sam. 8 nov. 18:01 À moi Bonjour Richard Je m'appelle Victor et je viens d'Espagne. J'ai de no...