Monsieur,
> je lis avec intérêt tous vos articles, blog, etc... je suis intriguée par le fait suivant:
> commeent les anciens pouvaient déterminer qu'il s'agissait d'une gemme, quels étaient leurs analyses pour les identifier. Les caractères que relèvent Pline l'Ancien me paraissent insuffisants. pourriez vous m'indiquer où je pourrais trouver des pistes, des ouvrages relatifs à cette question?
> je vous remercie très vivement
> cordialement
> Marie .......
Bonjour
Ce que vous me demandez pourrait presque faire l' objet d' une thèse, mais qui la lirait? Car la joaillerie en France n'intéresse aucun éditeur. Les livres qui sortent sont à compte d'auteur (comme les miens) et les autres sont publiés par les "marques" pour satisfaire leur besoins énormes de publicité.
Pline donne quelques explications mais il faut remonter à Confucius dans ses manuscrits regroupés dans le "LiKi"
< En des temps très anciens, le sage a comparé la vertu au jade. A ses yeux, le poli et le brillant du jade figure la vertu de l'humanité; sa parfaite compacité et sa dureté extrême représentent la sûreté de l'intelligence; ses angles qui ne coupent pas, bien qu”ils paraissent tranchants, symbolisent la justice ; les perles de jade qui pendent au chapeau et à la ceinture figurent le cérémonial; le son pur et soutenu qu'il rend quand on le frappe et qui, à la fin, s'arrête brusquement est l”emblème de la musique. Son éclat irisé rappelle
le ciel, son admirable substance tirée des montagnes et des fleuves représente la terre...
« Voilà pourquoi le sage estime le jade. ››
Jade Olmec
Il est certain que les anciens avaient le sens de l observation plus aiguisé, que nous de nos jours.
Le "Son du jade" "son éclat"
Les anciens avaient choisi l'Or parce qu' ils avaient remarqué qu'il ne s' oxydait pas , donc, ne se détruisait pas (rouille ou autres) comme d' autres minerais!
C'est en cherchant une métallurgie du cuivre (l'Airain), qu ils découvrirent la Turquoise par exemple. Là ou il y avait de la turquoise = cuivre.
Jusqu'à l' exploitation du diamant industriel, c'était surtout dans le lit des rivières que les anciens découvraient des pierres précieuses.
Certaines "pierres" étaient plus belles que les autres...après je pense qu ils avaient rapidement établi des échelles de dureté, par exemple le saphir raye le quartz mais est rayé par le diamant.
La dureté fut certainement un élément premier, d ailleurs le diamant en grec ancien se dit "ἀδάμας", Adamas. (en Métallurgie) Acier, fer dur, métal solide.
(Chez Pline) Diamant, pierre dure, l'indomptable, à l inverse il nous entretenait du "Succin"
Le Succin , Pline appelait ainsi l'ambre
"Après le cristal, le succin tient le premier rang; mais jusqu'ici les femmes seules l ont adopté pour leur usage, et toutes ces frivolités sont estimées autant que les pierreries" Pline livre trente septième
Ensuite l'éclat , telle pierre brille plus que d autres, ils établissaient une échelle de réflexion et de réfraction de la lumière au travers de la pierre .
La rareté Un philosophe Claude Saumaise expliqua que le mot grec "eima" qui désignait un vêtement ornement fut transformé par les "eoliens" en "gemma" repris en latin au sens large.
Mais au sens strict, une gemme est un cristal transparent dont la couleur et l'éclat sont magnifiés par le "lapidaire"
Au sens large : tout cristal, roche, sécrétion animale, ou végétale dont la beauté est telle qu elle peut participer à l'éclat et au rayonnement d une parure.
Apres au cours des siècles ce sont les progrès de l optique qui permirent de mieux les classer, comme la polarisation, la dichroscopie, le microscope, etc
Donc c'est très vaste votre question, mais je pense vous avoir livré les bases.........
Cordialement et a votre disposition, et continuez a me lire
Jean Jacques Richard
Post Scriptum: j ajoute des passages de la grande encyclopédie de la nature de l ' Abbé Pluche en 13 volumes que je possède, cela peut servir de voir et lire nos connaissances en 1760
Noël-Antoine Pluche, plus connu sous l'appellation l'abbé Pluche, né le 13 novembre 1688 à Reims, paroisse Saint-Hilaire et mort le 19 novembre 1761 à La Varenne-Saint-Maur, près de Paris, est un prêtre français, célèbre pour son Spectacle de la nature, référence d'histoire naturelle.
Sa maison natale, dont il reste quelques vestiges, occupait l’angle des rues Pluche et du Marc, emplacement actuel du square Charles Sarazin.
Il devint en 1710 professeur de rhétorique à Reims. L'évêque de Laon le nomma directeur du collège de la ville, poste qu'il accepta pour échapper aux poursuites judiciaires du fait de son opposition à la bulle Unigenitus de 1713.
Il est cependant obligé de démissionner de ce poste et se réfugie à Rouen. Il y devient précepteur du fils de l'intendant de Normandie, M. de Gasville. Les cours de physique qu'il conçoit à cette époque sont le germe de son ouvrage sur Le Spectacle de la nature.
Il reçut une gratification de la part du cardinal Fleury pour le travail qu'il lui avait envoyé. Refusant la charge d'un prieuré, le cardinal le gratifiait d'un pécule qui lui permit de s'installer à Paris avant de se retirer, en 1749, à la Varenne-Saint-Maur et mourut des suites d'une crise d'apoplexie en 1761.