Cecile Joannes <cecile.joannes@gmail.com> jeu. 27 juil. 09:19 À moi
Bonjour cher Monsieur, Je me permets de vous contacter pour cette petite montre en or que ma grand-mère m'a laissé. Le cadran est accessible, il s'ouvre et le dos de la montre également. On y trouve plein d'inscriptions (incompréhensibles pour les non initiés, comme moi).Je vous remercie vivement pour les informations que vous pourriez me donner ( date, pays, orfèvre ) Bien à vous.
Cécile Joannès
Portable 06……..
C'est un courrier interessant qui me permet de traiter de l' horlogerie dans la ville de Besançon et des premières montres bracelets.
Je lui réponds de suite pour la rassurer: Le temps de redresser sa photo qui est à l'envers.
Bonjour Cecile. Tres pris ce matin , je vais vous répondre cette après midi.
Premiere chose, tout ce qui est gravé à la main en écriture normale a été fait par des horlogers qui ont révisé ou réparé cette montre , chaque horloger depuis des lustres marque ses initiales et ou un N° ou une date, lorsqu'il intervient sur une montre,etc . Le reste je vous réponds tout à l' heure
Cordialement : Jean Jacques Richard.
En effet les horlogers dans les fonds de boites de montres, avec une pointe à tracer, incrivent le plus souvent, leurs initiales, la date , ajoutent par exemple RHAB ou RH, pour le Rhabillage qu'ils ont effectué.
Le N° 96672 est un N° de fabrication de la "SociétéGénérale des monteurs de boites"
Quant au poinçon d'état, c'est la tête de cheval à droite entourée d'un listel reservé au petits ouvrages en or à 750/1000° Utilisé pour les départements français du 10 mai 1938 au 1 er juillet 1919.
Au vu du calibre, je dirais entre 1895 et 1905, je pense que c'est un calibre "Tribaudeau".
Dans ces années-là, les montres de poche furent transformées en montres-bracelets. L'horloger devait exécuter quatre opérations.
1° Raccourcir la tige de remontoir.
2° Fixer une nouvelle couronne de remontage,
3° Tourner le cadran de 90 degrés,
4° Poser des brides pour le bracelet.
Les montres de poche transformées, sont facilement reconnaissables aux traces de soudure des brides ou à la fixation du cadran. Souvent toutefois, un coup d”œil sur le dos du boîtier suffit, car les montres-bracelets authentiques n”y portent généralement aucune ornementation. Reste le poinçon de Maitre.
Sur le capot intérieur, avec le poinçon de garantie française " tête de Cheval" figure un poinçon de Maître, un peu flou , mais on distingue comme symbole, une Clef et les initiales S.G. C'est le poinçon de la SOCIETE GENERALE DES MONTEURS DE BOITES. installée 21 rue Gambetta à Besançon. Ils étaient monteurs de boites en or et travaillaient aussi à façon, par exemple pour Louis LEROY
Voici sur d'autres boites (or ou argent) de meilleures vues de ce poinçon
Bonjour cher Monsieur,
Je vous remercie vivement pour ces informations. Votre article concernant les maîtres horlogers LEROY est passionnant. Je vous adresse un complément de photos pour votre futur article et vous avez mon autorisation pour citer mon nom.
Je vous remercie encore et vous souhaite une bonne journée, Bien cordialement.
Cécile Joannès
J avais en effet écrit un article qui peut intéresser nombre d'entre vous sur :
LE ROY, ou LEROY, La vraie ou la fausse maison LEROY: Explications https://www.richardjeanjacques.com/2015/01/le-roy-ou-leroy-la-vraie-ou-la-fausse.html
L Histoire de la Société Générale des Monteurs de Boites mérite qu on s'y arrête.
L’Exposition de Philadelphie (1876), relatée notamment par l’Association française pour l’avancement des sciences, révèle au monde l’importance des progrès techniques réalisés dans ce pays et pousse la Suisse, acteur incontournable de l’horlogerie, à accélérer sa modernisation.
Il semble que la fondation de la Société générale des monteurs de boites, date de 1880
L’activité horlogère est installée à Besançon depuis l’arrivée d’horlogers suisses, notamment Laurent Mégevand, à la fin du XVIIIe siècle. Elle se développe surtout autour de la montre dont Besançon devient la capitale française : en 1880, âge d’or, 90% des montres sont produites dans la ville (et environ 40% dans les années 1930)
Une modification intervient en mai 1885 , Capital important, dans les 180.000€ de nos jours
1893 médaillés de l association Française pour l avancement des sciences
1893
1896 , La société générale depose un brevet
Vers 1899, une manufacture de boîtes de montres est bâtie pour le compte de la Société Générale des Monteurs de Boîtes d’Argent. Elle est construite dans le prolongement est de l’usine occupée par la Société Générale des Monteurs de Boîtes d’Or, établie au n° 21 (IA25001708). La société Clerc, Rentchler et Cie, fondée en 1901 par Hippolyte Saintesprit, Louis Alphonse Clerc, Jules Louis Marie Rentchler, Paul Marie Louis Guyon, Théophile Schneider, Jacques Christ, Emile Parfait Jeunot et Paul Levy, et qui a pour objet la "fabrication de boîtes de montres en argent et des boîtes en plaqué or" est présente sur le site en 1909 ou 1910. Renouvelée en 1911, son siège social est transféré rue des Villas Bisontines (IA25001719). En 1914, une partie des locaux de l'usine est louée à la société Mareine et Cie pour un montant annuel de 325 francs. Fondée par Henri Victor Mareine, mécanicien, et Léon Eugène Delplanque, directeur d’usine, elle a pour objet "l’exploitation d’une usine de fabrique de montres pour automobiles, mécanique et outillage d’horlogerie".
Société générale des monteurs de boîtes en or et en argent (Besançon) : photographie en noir et blanc montée sur carton représentant les membres pour l'année 1899-1900.1MDT22Mémoire Vive patrimoine numérisé de Besançon.
1907
1907-Le Radical
1909 journal La Croix
1913 vous remarquerez le nom de BEUCHAT de la société générale
Les décors sophistiqués ne sont plus autant demandés, d’autant plus qu’avec l’essor de la montre-bracelet, une des faces n’est plus visible. Le métier de décorateur-guillocheur a donc tendance à disparaître alors que c’était l’élite de la profession. Toutes les entreprises produisant des boîtes en or ou en argent pour montres sont aussi en difficulté. Dès l’été 1930, la Société générale des Monteurs de boîtes d’or impose une demi-journée de chômage partiel. A l’époque, on pense que cela est dû à la saisonnalité de l’activité horlogère qui connaît traditionnellement des creux l’été et après les fêtes de Noël. Les employés de l’horlogerie sont habitués à ces fluctuations de l’activité.
Le krach de 1929 précipite les Etats-Unis dans la crise. Elle s’étend à d’autres pays comme, dès début 1930, la Suisse, partenaire déterminant de l’horlogerie bisontine. En 1932, le Bulletin de presse étrangère de certains ministères français décrit la Suisse gravement touchée par la crise : baisse du commerce, de la production, une « industrie de l’horlogerie arrêtée complètement » et des « hôtels presque ruinés ». A l’échelle locale, la situation suisse est aussi difficile comme le relate la Voix du Peuple (CGT) au sujet de la Chaux-de-Fond, haut-lieu de l’horlogerie suisse.
1932 Dans la Voix du Peuple
Pendant que les horlogers de Besançon s'enfoncent dans la grève, les autorités suisses édictent des mesures drastiques pour assainir la situation : dévaluation du franc suisse, baisse des droits de douane, encadrement de la production, interdiction d’augmenter les prix sans autorisation.
La Suisse sort plus rapidement de la crise que la France, mais celle-ci y est très sévère.
D'ailleurs j'ai posé la question à la Mairie de Besançon, il me semblait qu'en cette ville il y ait une grande et ancienne culture de la grève des origines jusqu'au conflit des montres LIP. La mairie me répond: Concernant les grèves, Besançon est une ville à forte tradition syndicale, en particulier dans l’horlogerie. En revanche, la présence du Parti communiste y est historiquement plutôt faible. D’ailleurs, M. Charles Piaget était militant au Parti socialiste unifié.
Jamais il n'y eut autant de grève dans les métiers de la joaillerie!!!!
La crise helvétique influe sur l’économie de Besançon car les horlogers bisontins achètent leurs fournitures dans ce pays. De plus, déjà à l’époque, des Francs-Comtois travaillent en Suisse. Poussés par l’explosion du chômage, ceux-ci reviennent en nombre à Besançon sur un marché du travail peu dynamique. La crise arrive en effet dans un contexte de fragilité de la montre. Elle devient un objet plus courant. Les consommateurs préfèrent des montres bon marché.
dans Lip, des heures à conter de Marie-Pia Auschitzky Coustans (2000)
Autre coup de semonce : la faillite de la banque Mairot fin 1930. Elle est annoncée par divers journaux nationaux dont l’Excelsior. Comme de nombreux établissements bancaires dans les années 1920, cette banque, incontournable dans l’économie bisontine, prête beaucoup (c’est un des facteurs de la crise) aux entreprises locales et se retrouve en difficulté. La crise économique ne commence pas brutalement à Besançon.
Ainsi la grève de 1930 dans l’usine Lip (Lipmann) de la Mouillère n’a rien à voir avec la crise. Lip est la grande usine de la montre à Besançon, dans un contexte de travailleurs à domicile et d’activité morcelée entre de nombreuses petites entreprises. Les frères Lipmann développent le travail à la chaîne, comme aux Etats-Unis ou en Suisse, mais le découpage poussé des tâches pousse 200 ouvriers à faire grève. Un bras de fer commence avec la direction qui veut revenir sur l’octroi de congés payés (nous sommes avant 1936 et leur obligation), sur fond de rivalité entre syndicats.
En revanche, en 1932, dans la Société générale des monteurs de boîtes d’or citée précédemment, une grève éclate suite au renvoi de 15 personnes, à une diminution des salaires et des heures travaillées. D’autres personnes sont licenciées mais la grève dure 3 mois.
1945-47
A Propos des prémieres montres bracelets:
Vers 1880, C. Girard-Perregaux de La Chaux-de-Fonds, à côté d'autres firmes suisses, livrait des montres-bracelets à la marine de guerre allemande, ainsi que le relatent Jaquet et Chapuis dans leur ouvrage capital sur la montre de poche suisse.
Il s°agissait de montres rondes avec un mouvement de 10 à 12 lignes dans un boîtier or, plus tard en or mat, portées à une chaîne de métal servant de bracelet. Elles furent probablement les premières montres-bracelets fabriquées en série. C”est vraisemblablement tout d'abord au cours de la guerre des Boers (1899-1902) que la montre-bracelet fit ses preuves dans la pratique. La compagnie des
montres Omega, Suisse, publia en 1904 dans une annonce de grand format parue dans l'Uhrmacher-Zeitung de Leipzig le rapport d'un officier d”artillerie britannique. "Tenant compte de l'importance d'avoir, dans un corps d'armée active, une heure concordante, je me procurai avant mon départ du Canada une douzaine de montres-bracelets Omega."
La montre-bracelet s'est ensuite imposée dans le monde entier pendant la guerre mondiale de 1914-1918. Par exemple Les "Poilus" devaient sortir de la tranchée à une heure donnée, ils ne pouvaient sans arret consulter l heure de l'assaut en sortant leur "oignon" de leur manteau!!!Des deux côtés, les soldats reconnurent rapidement que les conditions de la guerre moderne ne permettaient plus de déboutonner manteau et tunique dans la bataille lorsqu'un coup d”oeil sur la montre était nécessaire. Au cours des premiers mois de la guerre déjà, on rapportait qu”il était usuel, non seulement chez les commandants de troupes mais aussi chez les hommes, de porter la montre au "poignet gauche"
Le nombre de nouveaux bracelets de montre sur le marché augmente de jour en jour, écrivait en 1915 un périodique professionnel allemand. Des noms comme Army (Genève), Poilu (Paris) et Mars (Cologne) pour des fermetures spéciales de bracelets indiquent la même tendance.
Cartier mit au point une montre-bracelet du nom de Tank pour l'armée des Etats-Unis.
Cartier avait déjà créé en 1904 une montre spéciale pour Santos Dumont!
Un éditorial suisse affirme à l”occasion d`un jubilé de l”industrie horlogère, qu'il n`aurait pu y avoir de meilleure situation que cette guerre si l'on considère les choses du point de vue de l'expansion de la montre-bracelet. Si l”on avait encore craint en Suisse, au début de la guerre, une diminution des exportations, la situation se modifia bientôt lorsque les puissances belligérantes eurent reconnu la valeur de la montre bracelet, répondant si bien aux exigences du soldat. La montre ronde calibre 13 lignes, fréquemment dotée d”une cadran lumineux, était alors très populaire.
Toutefois les premiers succès importants furent atteints par la montre portée au bras, non pas chez les messieurs mais chez les dames, tout d'abord comme montre de joaillerie, alors que jusqu°en 1900 le cadran était encore parfois, comme pour les précurseurs aux environs de 1800, placé de telle sorte que son axe du 6 au 12 formait un angle droit par rapport au bracelet.
Merci à François Guinchard des Archives municipales de Besançon