En ces temps de CoronaVirus, je voudrais vous entretenir au sujet de la Peste, et d' un monument unique en Europe, un Ossuaire, à Rouen la Ville ou je suis né, et ou j'ai exercé 44 ans comme Joaillier.
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« cimetière », issu du latin atrium, qui désigne la cour intérieure d'entrée précédant l'entrée d'une villa romaine, d'où par extension le cimetière situé avant l'entrée de l'église ; et de la paroisse Saint-Maclou, dont l'église du XV eme siècle se situe à proximité. Cette cour est presque carrée et était fermée, une seule entrée qu' on pouvait murer.
Pourquoi cette cour carrée fut elle construite? Et pourquoi est elle devenue un cimetière?
C'est à cause de la Terrible Peste noire de 1348 qui dura un an . Cela tenait du cimetière et de la fosse commune, là, au centre de la cour, sous la croix et les arbres .
Pierre Cochon (l'Eveque qui fit condamner Jeanne D'arc à être brulée) écrivit
" la mortalité fu si grande que l on fisten plusieurs lieu, chimetière noviax, pour ce que les viex ne pouvaient soutenir les corps morts et par especial è Roèn en Normandie,"
À la suite d'une nouvelle épidémie de peste au XVI ème siècle, il fallut agrandir a nouveau le cimetière La paroisse décide alors d'aménager des galeries surmontées de combles, destinés à contenir les ossements. L'édification de l'ossuaire débute en 1526 par la galerie ouest, sous la direction de Guillaume Rybert. Les galeries nord et est sont bâties durant les années qui suivent, elles sont achevées respectivement en 1529 et 1533.
Photo JJ Richard
L'ossuaire se compose de quatre galeries encadrant un carré central ; il est large de 32 mètres pour une longueur de 48 mètres. Les trois premières galeries sont réalisées en pans de bois au-dessus d'un soubassement en pierre, les fûts des colonnes sont sculptés de décors de la première Renaissance. La galerie du sud du XVIIe siècle est en revanche dépourvue de soubassement et de sculptures. Les galeries sont fermées par des cloisons en pans de bois maçonnés et des fenêtres lors de la construction d'un étage au XVIIIe siècle.
Les poutres sont décorées de motifs macabres, ossements, instruments
Photo JJ Richard
Les statuettes des colonnes sont endommagées en 1562 lors des guerres de religion.
Photo JJ Richard
Photo JJ Richard
La galerie du sud n'est en revanche réalisée qu'en 1651, à la suite d'un legs du père Robert Duchesne, destiné à abriter une école pour les garçons pauvres de la paroisse, malgré l'utilisation toujours active du cimetière. La chapelle Saint-Michel est érigée par Pierre Daust en 1658. Les premières écoles datent de 1661 pour les garçons, de 1678 pour les filles.
Des fouilles récentes en 2016 et 2017 ont été entreprises et des analyses ont prouvé que c'était bien de la peste qu'etaient morts ces gens enterrés
Photo JJ Richard
En 1705, les ossements entreposés dans les combles des galeries sont enlevés. De 1745 à 1749 les galeries sont rehaussées et les combles transformés en vrais niveaux. 700 à 800 enfants sont scolarisés dans le site au XVIIIe siècle. Le rez-de-chaussée de l'aile Ouest reste ouvert et conserve sa vocation de liaison entre la rue Martainville et la rue Géricault. L'aile Sud est construite pour l'hébergement des prêtres. Le charnier est partiellement reconstruit à la suite d'un incendie en 1758.
Photo JJ Richard
En 1768, un atelier de filature s'installe dans les lieux.
Le Parlement de Normandie (devenu le Palais de Justice) ordonne la suppression des lieux de sépulture urbains en 1779, à la suite d'une ordonnance royale. Le cimetière Saint-Maclou est en conséquence fermé en 1781. La croix centrale est détruite en 1792, et remplacée en 1818.
En 1793, l'atelier de filature est remplacé par une fabrique d'armes et un club de quartier.
Photo JJ Richard
En 1911, un pensionnat de jeunes filles remplace l'école des frères (fermée en 1907). La Ville de Rouen fait en 1927 l'acquisition des bâtiments, laissés dans un état de semi-abandon. Elle projette d'y installer le musée d'art normand qui occupait l'église Saint-Laurent, mais après restauration des bâtiments, c'est finalement l'école des Beaux-Arts qui s'y installe en 1940 après l'incendie de la Halle aux Toiles et accueillait 180 étudiants dans ses locaux, avant de déménager à l'été 2014.
Il y eut même un projet de restaurant , ce qui nonobstant le lieu symbolique, eut peut-être été une bonne idée, dans cette "cour" à l abri du bruit de la circulation.
Photo JJ Richard
Voici l'église dont c'était le cimetière, une merveille, une église ronde qui a retrouvé sa splendeur, car la guerre de 39-45 l' avait beaucoup fait souffrir. L'église est un joyau de l’art gothique flamboyant construit entre 1437 et 1517. Elle possède une façade ouest dans laquelle s'ouvre une rosace. Devant cette façade s'ouvre un porche à cinq baies disposées en arc de cercle, surmontées de galbes ajourés. Les trois baies centrales abritent trois portails dont deux sont ornés de portes en bois sculptées, œuvre des huchiers (ébénistes, sculpteurs sur bois) de la Renaissance. Le portail principal s'orne de scènes de la résurrection des morts dans ses voussures et d'un jugement dernier sur son tympan. Le porche sert d'appui, à l'angle des rues Martainville et Damiette, à une fontaine. (wikipédia)
Enfin fut reconstruit un bel orgue, 36 jeux. Trois claviers de 56 notes, Pédalier de 30 notes, Console en fenêtre.
Il a été inauguré le 21 octobre 1965 par Marie-Claire Alain.
Cette fontaine fut construite semble t il avant celle de Bruxelles, Le Manneken Piss, de plus à Rouen il y en a deux!!!!
Elle est alimentée par l'aqueduc de la source de Carville qui suit le cours du Robec qui est une rivière qui traversait la ville de Rouen pour se jeter dans la Seine , et qui passe a 30 mètres de la fontaine.
La première fontaine, établie en 1517, a été remplacée au milieu du XVIème siècle par celle-ci, attribuée semble-t-il à Jean Goujon.
La première fontaine, établie en 1517, a été remplacée au milieu du XVIème siècle par celle-ci, attribuée semble-t-il à Jean Goujon.
On peut encore voir son tracé derrière les immeubles de la rue Damiette
Je vous explique grâce à Google Earth (cliquez sur la photo) En blanc le parcours du Robec , il alimentait des moulins en pleine ville et vous pouvez encore voir sur son tracé des moyeux de ces moulins . En rouge c'est la rue Damiette , trouvez un commerçant de cette rue qui vous laisse passer pour traverser son immeuble et accéder au parcours de la rivière, La rivière a été recouverte, mais elle est toujours là, entre deux rues. La fleche blanche à droite de la photo indique l' Aitre saint Maclou.
Photo JJ Richard
Vu à partir du passage qui permet de rejoindre l'Aitre , l abside de Saint Maclou et au fond la Flèche de la Cathedrale de Rouen, 151 mètres de haut, Gustave Flaubert la qualifie de « rêve de chaudronnier en délire » Longtemps (16 ans) je la traversais tous les jours , le matin avec mon fils car l' école était de l autre coté, et puis raccourci pour me rendre à mon magasin.
Je la fis visiter à Peter Townsend, Au Duc et à la Duchesse de Bedford, à l Ambassadeur d'Israel en France Mordechai Gazit et sa femme qui dechiffra les garffitis du monument juif de Rouen, à Bertrand Flornoy, Robert Sabatier l'auteur des Allumettes Suédoises et des Fillettes Chantantes, Castelot, Paulette Merval et Marcel Merkes, Pierre Doris et tant d'autres.....
Photo JJ Richard
Cette si belle et si méconnue Cathedrale de Rouen avec à droite "la tour de Beurre"Une partie des frais de sa construction ayant été couverts par le produit d'une aumône de carême payée par les habitants de Rouen pour pouvoir manger du beurre en cette période de jeûne, les historiens s'accordent plus volontiers à trouver dans cette aumône l'origine de son nom particulier.
Comme quoi la Religion s'est toujours arrangée avec ceux qui pouvaient payer.
C'est dans la Cathédrale qu il y a le gisant de Richard Cœur de Lion, duc de Normandie, roi d’Angleterre, qui avait ordonné que son corps fût inhumé à Fontevrault et ses entrailles à Poitiers ; mais, « en remembrance d’amour pour la Normandie », c’est à la cathédrale de Rouen qu’il avait légué son cœur.
La relique du coeur de Richard a été retrouvé lors d une excavation dans la Cathedrale en 1838
Il y a aussi le gisant de Guillaume Longue-Épée, deuxième duc de Normandie, associé au pouvoir par Rollon son père, mourut assassiné dans une île de la Somme en 942. Comme son père, il avait été inhumé dans le haut de la nef de l’antique cathédrale d’où leurs sépultures furent solennellement transférées dans la cathédrale romane, puis dans la cathédrale gothique, Rollon au sud, Guillaume au nord. (Il ne s’agit évidemment pas des tombeaux actuels). Le monument funéraire de Guillaume Longue-Épée, placé dans la chapelle Sainte-Anne jusqu’à la restauration consécutive à la guerre, se trouve maintenant dans la seconde travée droite du déambulatoire, au nord.
Il y a aussi le tombeau de Rollon: Le premier duc de Normandie, Rollon, mort en 933, eut l’honneur insigne d’être le premier laïque enterré dans la cathédrale de son baptême, privilège réservé jusque là aux archevêques, aux abbés et aux « bons prêtres ». et beaucoup d'autres