vendredi 9 décembre 2022

Jean Valentin Morel ou Jules Fossin


Bonsoir Jean Jaques.
J’ai reçu ce bracelet dans le cadre d’une succession en vue de vente aux enchères. 
Le médaillon est amovible. Le travail est extrêmement raffiné et recherché. Le poincon sur la partie externe du fermoir est difficilement lisible. J’ai regardé dans votre blog je n’ai pas trouvé le poincon de Morel, Je serai ravie d’avoir votre avis. Bien cordialement.
Katy VIGNATI


Katy Vignati est Expert Joaillier et possède une solide expérience: vignati@wanadoo.fr
La photo de l'écrin peut faire penser a Jean Valentin Morel, mais je me méfie toujours des écrins
J'ai consacré un article a JV Morel sur: https://www.richardjeanjacques.com/search?q=Morel

l'homme fut plusieurs fois primé - en 1844, lors de l'Exposition Nationale des Produits de l'Industrie et en 1855, à l'Exposition Universelle à Paris, avec une grande médaille d'honneur en bijouterie joaillerie , son parcours semble une succession de péripéties qui embrouillerait le plus organisé des biographes

Katy m adresse d'autres photos, en effet c'est une pièce très intéressante 

Apparemment, sur le bracelet, il manque des perles fines, qui peuvent être trouvée, mais détail, étonnant il existe un poinçon de maître sur une plaque externe , certainement pour ne pas emboutir une maille creuse. On voit nettement la monture  de perles entre les rubis, mais je demande à Katy Vignati, une photo agrandie de ce poinçon de maître.


Bonjour Jean Jacques , 
Je vous envoie la photo du poinçon du bracelet JEAN VALENTIN MOREL , on voit parfaitement les lettres JF ainsi qu'une étoile. Qu'en pensez vous ?
Merci, à très bientôt.


Poinçon de Jules Fossin. Une perle en haut et une étoile 5 branches en bas et initiales J.F.

Je remercie doublement Kathy, car je n'avais pas de photo de ce poinçon, . Ce n'est pas celui de Morel, mais celui de Jules Fossin.
En 1830, Jean Baptiste Fossin s'était associé son fils Jules, qui le secondait admirablement et qui notamment, lors du mariage du Duc d'Orléans, en 1837, prit une part importante à l'exécution des bijoux de la corbeille, commandés en grande partie à la maison Fossin. 
Jean-Baptiste Fossin, en raison des aptitudes spéciales de son fils pour les affaires, lui en laissa de plus en plus la direction, et finit par quitter tout à fait sa maison en 1845, désirant s'adonner plus complètement à la peinture et à la sculpture qu'il pratiquait avec succès.
Il semblerait que jusqu'à sa mort, il ait mené une vie de riche rentier, d'homme d'affaire et de notable, son nom figure dans la liste des deux cent actionnaires les plus importants de la Banque de France*.
*Lors de la création de la Banque de France en 1800 l'article 11 de ses statuts stipule que « les 200 actionnaires qui composeront l'Assemblée générale seront ceux qui seront constatés être, depuis six mois révolus, les plus forts propriétaires de ses actions ».
Ayant doublé son capital sous le Second Empire, il achète un hôtel particulier aux abords du parc Monceau et un château à Echarcon.
Ce poinçon est donc insculpé, le 17 janvier 1825 et biffé le 14 juin 1862, parce que c'est à cette date que Jules Fossin cede son fonds à Prosper Morel.
Prosper Morel a certainement repris  certains stock de Fossin  puisque son père, repreneur de Fossin meurt quelques temps après être  rentré de Londres à Paris. Ce qui explique que ce bracelet de Fossin soit dans un écrin de Morel

Je demande à Kathy, de me préciser le nom à l intérieur de l'écrin, (photo ci-dessous)


MOREL &Cie 62 rue de Richelieu

Cela confirme l'installation en 1862 de Prosper Morel au 62 rue de Richelieu à Paris.


Madame Jacqueline Viruega dans son ouvrage "Du second Empire à la Guerre de 1914" nous l explique parfaitement.

"Enfin, l'organisation d'une succession motive parfois une création. Celle de Morel et Ce (28", le 14 avril 1862, met en scène des noms réputés et revêt une grande importance dans l'histoire de la bijouterie parisienne. Jules Jean-François Fossin, bijoutier, chevalier de la légion d'honneur, organise la succession en quinze ans d'une affaire qu'il a héritée. Son père Jean-Baptiste Fossin a racheté au début de la Restauration la maison de joaillerie-bijouterie de Marie-Etienne Nitot, fournisseur de Napoléon Iet, et l'a transportée 62 rue de Richelieu. Les Fossin sont liés aux Morel depuis que Jean-Valentin Morel fut le chef d'atelier de Jean-Baptiste Fossin. Jules Jean-François Fossin fait de Jean-Prosper Morel, fils de Jean Valentin, son successeur sous le Second Empire. Il commandite pour 300 000 francs la nouvelle société, Jean-Prosper Morel la gère, apportant, avec son épouse Anne-Blanche Morel, « son industrie à l'affaire ». Les conditions sont très strictes : la fabrication ne peut être changée, le nom de Fossin ne figure nulle part officiellement, nul autre créancier que Fossin ne peut intervenir, les Morel ne font aucune affaire tant que compte et commandite ne sont pas soldés, sous peine de dissolution. Ils perçoivent un traitement mensuel de 1200 francs et les quatre cinquièmes des bénéfices, Fossin 4000 francs et un cinquième du bénéfice. Le fonds de commerce appartiendra aux Morel à la fin du terme et la commandite payée, avant terme s'ils ont remboursé plus vite. Sinon, le fonds sera vendu pour rembourser Fossin. Prosper Morel, devenu propriétaire de l'affaire, marie sa fille à Joseph Chaumet (, qui lui succède en 1889."




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