lundi 15 juin 2020

Comment les anciens analysaient les gemmes

 Monsieur,
> je lis avec intérêt tous vos articles, blog, etc...  je suis intriguée par le fait suivant:
> commeent les anciens pouvaient déterminer qu'il s'agissait d'une gemme, quels étaient leurs analyses pour les identifier. Les caractères que relèvent Pline l'Ancien me paraissent insuffisants. pourriez vous m'indiquer où je pourrais trouver des pistes, des ouvrages relatifs à cette question?
> je vous remercie très vivement
> cordialement
> Marie .......

Bonjour
Ce que vous me demandez pourrait presque faire l' objet d' une thèse, mais qui la lirait? Car la joaillerie en France n'intéresse aucun éditeur. Les livres qui sortent sont à compte d'auteur (comme les miens) et les autres sont publiés par les "marques" pour satisfaire leur besoins énormes de publicité.
Pline donne quelques explications mais il faut remonter à Confucius dans ses manuscrits regroupés dans le "LiKi"

< En des temps très anciens, le sage a comparé la vertu au jade. A ses yeux, le poli et le brillant du jade figure la vertu de l'humanité; sa parfaite compacité et sa dureté extrême représentent la sûreté de l'intelligence; ses angles qui ne coupent pas, bien qu”ils paraissent tranchants, symbolisent la justice ; les perles de jade qui pendent au chapeau et à la ceinture figurent le cérémonial; le son pur et soutenu qu'il rend quand on le frappe et qui, à la fin, s'arrête brusquement est l”emblème de la musique. Son éclat irisé rappelle
le ciel, son admirable substance tirée des montagnes et des fleuves représente la terre...
« Voilà pourquoi le sage estime le jade. ››

Jade Olmec

Il est certain que les anciens avaient le sens de l observation plus aiguisé, que nous de nos jours.
Le "Son du jade" "son éclat"
Les anciens avaient choisi l'Or parce qu' ils avaient remarqué qu'il ne s' oxydait pas , donc, ne se détruisait pas (rouille ou autres) comme d' autres minerais!
C'est en cherchant une métallurgie du cuivre (l'Airain), qu ils découvrirent la Turquoise par exemple. Là ou il y avait de la turquoise = cuivre.
Jusqu'à l' exploitation du diamant industriel, c'était surtout dans le lit des  rivières que les anciens découvraient des pierres précieuses.
Certaines "pierres" étaient plus belles que les autres...après je pense qu ils avaient rapidement établi des échelles de dureté, par exemple le saphir raye le quartz mais est rayé par le diamant.
La dureté fut certainement un élément premier, d ailleurs le diamant en grec  ancien se dit  "ἀδάμας", Adamas. (en Métallurgie) Acier, fer dur, métal solide.
(Chez Pline) Diamant, pierre dure, l'indomptable, à l inverse il nous entretenait du "Succin"


Le Succin , Pline appelait ainsi  l'ambre

"Après le cristal, le succin tient le premier rang; mais jusqu'ici les femmes seules l ont adopté pour leur usage, et toutes ces frivolités sont estimées autant que les pierreries" Pline livre trente septième

Ensuite l'éclat , telle pierre brille plus que d autres, ils établissaient une échelle de réflexion et de réfraction  de la lumière au travers de la pierre .
La rareté Un philosophe  Claude Saumaise expliqua  que le mot grec "eima" qui désignait un vêtement ornement fut transformé par les "eoliens" en "gemma" repris en latin au sens large.
Mais au sens strict, une gemme est un cristal transparent dont la couleur et l'éclat sont magnifiés par le "lapidaire" 
Au sens large : tout cristal, roche, sécrétion animale, ou végétale dont la beauté est telle qu elle peut participer à l'éclat et au rayonnement d une parure.

Apres au cours des siècles ce sont les progrès de l optique qui permirent de mieux les classer, comme la polarisation, la dichroscopie, le microscope, etc

Donc  c'est très vaste votre question, mais je pense vous avoir livré les bases.........
Cordialement et a votre disposition, et continuez a me lire
Jean Jacques Richard

Post Scriptum: j ajoute des passages de la grande encyclopédie de la nature de l ' Abbé Pluche en 13 volumes que je possède, cela peut servir de voir et lire nos connaissances en 1760


Noël-Antoine Pluche, plus connu sous l'appellation l'abbé Pluche, né le 13 novembre 1688 à Reims, paroisse Saint-Hilaire et mort le 19 novembre 1761 à La Varenne-Saint-Maur, près de Paris, est un prêtre français, célèbre pour son Spectacle de la nature, référence d'histoire naturelle.


 Sa maison natale, dont il reste quelques vestiges, occupait l’angle des rues Pluche et du Marc, emplacement actuel du square Charles Sarazin.




Il devint en 1710 professeur de rhétorique à Reims. L'évêque de Laon le nomma directeur du collège de la ville, poste qu'il accepta pour échapper aux poursuites judiciaires du fait de son opposition à la bulle Unigenitus de 1713.


Il est cependant obligé de démissionner de ce poste et se réfugie à Rouen. Il y devient précepteur du fils de l'intendant de Normandie, M. de Gasville. Les cours de physique qu'il conçoit à cette époque sont le germe de son ouvrage sur Le Spectacle de la nature.



Il reçut une gratification de la part du cardinal Fleury pour le travail qu'il lui avait envoyé. Refusant la charge d'un prieuré, le cardinal le gratifiait d'un pécule qui lui permit de s'installer à Paris avant de se retirer, en 1749, à la Varenne-Saint-Maur et mourut des suites d'une crise d'apoplexie en 1761.








jeudi 14 mai 2020

On a retrouvé la Tombe de Salomon Van Cleef père d'Alfred Van Cleef.


Cliquez sur toutes les photos pour les agrandir 

Tombe de Salomon

IMPORTANT: pour ceux qui aiment Van Cleef & Arpels et surtout Alfred Van Cleef. Je savais que le père d 'Alfred Van Cleef, le fondateur de la maison VCA  était enterré a Nice au cimetière du Chateau ( j avais mis des années à le trouver) Alors quand j appris que Alfred Van Cleef était enterré dans un caveau au cimetière du vieux château à Nice avec sa fille , j' en avais déduit(à tort) que Salomon, le père de Alfred était dans le même caveau.




Tombe d'Alfred et de Renée Rachel

Le consistoire israélite de Nice, depuis plusieurs mois, reconstitue l'histoire des Israélites  inhumés au Vieux Chateau, nous avions conversé au sujet d'Alfred, une émission de télévision avait  filmé son caveau , mais le consistoire continue à faire l inventaire des tombes , et ce matin, le 14-05-2020 Serge-David Abihssira  Administrateur  du Consistoire Israélite de Nice, m'a téléphoné et m' a adressé cette photo de la découverte de la tombe de Salomon Van Cleef, fils de Isaac Jacob (ce qui est important , car la généalogie realisée par Jacques Arpels était fausse et je l 'avais prouvé).




Sur la tombe, gravée en caractères hébraiques et en français "Ici repose Van Cleef Salomon, fils de Isaac Jacob, le 7/02/1835 décédé à Nice le 10 mars 1883 (48 ans) époux et père affectueux, sa femme et ses enfants éplorés"

C'est pour moi une belle récompense de mon travail totalement gratuit  qui continue donc de prouver que l histoire transmise lors du rachat de la maison par le groupe Richemont  en 1999 était totalement fausse, depuis, l histoire sur Wikipédia est en accord avec mon travail, à part ce prénom ridicule dont on a affublé Esther Van Cleef qui ne s'est jamais appelée Estelle.



cliquez sur toutes les photos pour les agrandir

Où se trouve ce cimetière, le plus beau de Nice. 

A  l'emplacement de l'ancienne citadelle, rasée par les troupes de Louis XIV en 1706, qui n'était plus depuis cette époque, qu'un champ de ruines.

En 1783, un édit du roi de Sardaigne Victor Amédée III défend d’ensevelir les cadavres dans les églises, tant urbaines que rurales, l’interdiction ne s’appliquant pas aux clercs. Il s’agit alors de trouver un nouveau site pour établir un cimetière. 


La très belle vue sur Nice


L entrèe du cimetière Israelite (Photo Fabienne Michaud)

La colline du Château s’y prête parfaitement, tandis que d’autres champs funéraires trouvent place auprès des paroisses de la campagne (Saint-Roch, Saint-Pierre d’Arène, Saint-Étienne, Sainte-Hélène, Saint-Barthélemy, Cimiez, Gairaut, et les collines). 
Le cimetière chrétien du Château est donc ouvert après 1783. Quant au cimetière juif, qui se trouvait en contrebas de la colline, hors les murs, vers le site de l’actuelle rue Sincaire, depuis le Moyen-âge, il fut déplacé à la même époque pour se voir installé au sud du cimetière chrétien. 


L ensemble du cimetière 



Le cimetiere juif et sous la flèche rouge, l' emplacement de la tombe  de Salomon Van Cleef, qui ne se trouve pas au même endroit que le Caveau de son fils et de sa petite fille.



Plus précisément devant cette stèle en granit noir entre les deux arbres




J avais, après de longues recherches, trouvé l acte de décès de Salomon Van Cleef, ce qui me permit de trouver ses ancêtres, mais pour ce qui est de Salomon (père d Alfred Van Cleef le Fondateur de la Joaillerie) il n'était pas un riche diamantaire d'Anvers et d Amsterdam comme le disait l histoire officielle, puisqu'il était né à Gand en Belgique.


Acte de naissance de Salomon Van Cleef et la traduction ci-dessous, on remarque que le père était négociant, mais ne savait pas lire!

En ce 9 février 1835 à deux heures et demie de l’après-midi, par devant Nous le soussigné, Echevin, délégué Officier de l’Etat civil de la ville de Gand, province de Flandre orientale, est comparu Isaac Jacob VAN CLEEF, âgé de 40 ans, négociant, domicilié au Nieuland à Gand, qui Nous a présenté un enfant du sexe masculin, né avant-hier à trois heures de l’après-midi, lequel enfant est de lui et de Jetje Abraham GOBES, âgée de 39 ans, son épouse, auquel enfant il déclare vouloir donner le prénom de     SALOMON
Cette déclaration et présentation ont été faites en présence de
Salomon De Jonghe, 38 ans, employé, domicilié dans la Schavekensstraat à Gand, Joannes Peelman, agent de police, domicilié au Brabantdam à Gand.
Après lecture du présent acte, les témoins et Nous l’avons signé. Le père de l’enfant a déclaré ne savoir écrire.

(s) De Jonghe                               (s) Peelman                        (s) Comte  d’Hane


Salomon fut marié une première fois, après la mort de sa première femme il quitta Bruxelles et vint a Paris. 
De ce premier mariage  Salomon eut un fils, adopté par son oncle, il deviendra opticien du Roi, c'est une histoire intéressante que j ai contée sur mon blog de "l' Histoire des Van Cleef"



Belle vue sur le cimetière Chrétien (Photo fabienne Michaud )


On peut faire la découverte d une grande quantité de personnes célèbres au cimetiere juif de Nice  Lea Nottman par exemple née Mustacchi, cherchez bien et vous trouverez Georges Moustaki, né Giuseppe Mustacchi (Photo Fabienne Michaud,) une gentille lectrice de mes blogs qui m a envoyé ces photos  en ce mois d Aout 2020

Un commentaire, un complément, m'écrire à : richard.jeanjacques@gmail.com




samedi 9 mai 2020

Charles Holl , joaillier fabricant , son poinçon, son travail

Bonjour Jean—Jacques,
J’espère que vous vous portez bien et que vous êtes en sécurité devant les surprises que nous réserve la période actuelle.
On vient de me confier un très beau bracelet de belle facture portant un numéro 75084, deux têtes d’aigle et un poinçon losange portant les initials C et H séparés par un triangle surmonté de SA. Auriez-vous dans votre large documentation une trace de ce poinçon ?
La monture serait digne de maisons comme Chaumet, Mauboussin, Boucheron, Mellerio, …
Meilleures amitiés.
Herbert



Alors je demande a Herbert des précisions, car je connais un fabricant mais ce n'est pas un triangle, quoique!!!

Bonjour
Est ce comme une équerre a dessin?
JJ

Oui, effectivement. Vous connaissez ?




Apres un envoi de photo du poinçon, trop peu nette, un dessin.

C'est Holl joaillier  20 rue de la victoire a Paris


orfèvre
auteurHoll, Charles
patronyme(s)Holl
prénom (état civil)Charles
professionFabricant joaillier et orfèvrerie d'or
initialesC.H.
symbolesune équerre à dessin
n° de garantie2499
n° de préfecture15038
date d'insculpation15 mai 1917
lieu(x) d'activité75
Paris
adresse de l'atelier20 rue de la Victoire

Bravo ! Je n’ai jamais entendu parler de lui, savez-vous pour quelle maisons il a travaillé ou est-ce surtout pour le Musique-Holl ?
Installé en 1917, c’était la date de naissance de mes parents !
Merci également pour l’article sur le vol, une des surprises de nos métiers !
Herbert 

Herbert a de l humour!!



Je lui avais adressé cet article de journal.




Charles Holl n'est pas n importe qui, il a travaillé par exemple pour  Cartier et 
l' excellente maison Aguttes sous l expertise de Philippine Dupré La Tour a vendu ce bracelet:

35 000 - 40 000 EUR
BRACELET ARTICULÉ EN PLATINE COMPOSÉ DE MOTIFS...
Bracelet articulé en platine composé de motifs arrondis pavés de brillants rehaussés au centre d'une ligne de saphirs carrés. Poinçon de maître de Charles Holl ayant travaillé pour la Maison Cartier. Long: env 17cm Poids brut: 47.3gr.



Aguttes a revendu aussi ce beau brin de muguet: 
Clip "gerbe de muguet"
Diamants ronds, poires et baguettes, platine (950) et or 18k (750).
Poinçon de maitre Charles Holl ayant beaucoup travaillé pour la maison Cartier. Numéroté
H.: 4.4cm env. - Pb.: 16.9gr
Et la non moins excellente maison Sotheby's a vendu aussi ce :
Bracelet rubis, Charles Holl, vers 1930
Composé de maillons articulés sertis de rubis calibrés, longueur 168 mm environ, numéroté, poinçons français d'import pour le platine (950°/00) et l'or 18K (750°/00), poinçon de maître pour Charles Holl, poids brut 11.70 g.


J ai consulté mes vieux "Azur" Charles Holl en 1933 , passait cette annonce, preuve de l importance de sa maison, il était installé a cette époque au 9 rue Volney "Hautes Fantaisies Riches"  Fabrique à Strasbourg, Charles était le successeur de son père qui était installé Joaillier à Starsbourg, en revanche, je ne savais pas qu il avait aussi un atelier à New York.
Durant les années 1920 et 1930, l'atelier de Charles Holl a collaboré avec les grandes maisons de la place Vendôme telles que Cartier et Van Cleef & Arpels. Charles Holl était un joaillier de grand talent, spécialisé dans le sertissage des pierres calibrées, à l'instar de ce bracelet en rubis.



L hotel des ventes Montpellier Languedoc a revendu ce bracelet:

Charles HOLL. Bracelet circa 1930, en platine, 18 modules articulés et ciselés, sertis de saphirs en motifs floraux, le pistil stylisé par des perles (15 manques de perles), 90 diamants taille ancienne en serti clos. Poinçon du joaillier. Numéroté. Charles HOLL a beaucoup travaillé pour la maison CARTIER . Poids brut : 24.7 g.

HMVC à Monaco n'est pas en reste avec cet ensemble


CHARLES HOLL
Collier à transformations formé de deux longs bracelets en platine, en trois rangs de diamants ronds sertis clos terminés par des boucles diamantées.
Travail français vers 1925.Poinçon de maître.
Longueur totale : 43 cm environ.Poids total des diamants : 50 cts environ.
Poids : 95,6 g.
A diamond and platinum transformable necklace by Charles Holl, circa 1925.




La maison Doyle de New York a revendu cette très belle pochette du soir

rare pochette du soir de fabrication française des années folles dont le fermoir est en or jaune, platine et cabochons de turquoise. Rare, car l’ensemble est signé par Charles Holl, qui fut un fabricant sous-traitant de la maison Cartier. Estimation entre 4000 et 6000 $. Photo : Doyle NY



La maison de vente LOT ART nous permet de voir la diversité dans le travail de Charles Holl
CARTIER
Nécessaire en or jaune 18 carats (750 millièmes) de forme rectangulaire à motif de stries, le couvercle orné d’un décor géométrique rythmé de diamant navette. Le poussoir serti de diamants calibrés. A l’intérieur, deux compartiments, un étui à rouge à lèvre et un miroir. Signé et numéroté. Poinçon d’orfèvre de Charles Holl. Vers 1940.


Mais Charles Holl ne travailla pas que pour Cartier, mais aussi pour Van Cleef & Arpels

Van Cleef & Arpels. Années 1945

Importante «Minaudière» en or jaune guilloché et ciselé de grandes marguerites, les pistils enrichis de diamants brillantés. Elle découvre un poudrier, un étui à cigarettes, un étui à rouge à lèvres et un miroir. Signée. Dimensions: 14 x 8 x 2 cm. Poids brut: 546 g


D ailleurs l'atelier principal de Van Cleef & Arpels fut Langlois, mais Charles Holl travailla aussi pour VCA comme Clericetti, Campignon, Frey, Cauvain, Roseman, Repiquet, Basset, Martiny, Susini, Lenfant ...

j en oublie d autres






Christie's a revendu aussi cette ligne de perles dans des bordures festonnées serties de diamants:

Métal: Platine
Diamants: 162 diamants taille rose avec un poids total approximatif de 1 à 2 carats
Perles: 41 près des perles rondes
Taille / Dimensions: 17 cm, 1,1 cm au point le plus large
Marques: Français marques de platine, marque de fabrique de Charles Holl, numérotées
Poids brut: 26,3 grammes .


Etsy.com  a revendu ce bracelet de Charles Holl

Un bracelet Art Déco fin, Français, émeraude et diamant, de Charles Holl, serti de six émeraudes, rectangulaires, avec des diamants ronds taille brillant, sertis dans l'articulation, avec un poinçon tête d'aigle Français partiel et un poinçon Tête  de chien sur la langue. Le fermoir de sécurité est numéroté 57835 avec une marque MD et une marque de fabricant de CH, pour Charles Holl. Le poids total estimé du diamant est de 4,50 ct. Le poids total estimé de l'émeraude est de 4,20ct.
Et mon ami Herbert de conclure avec gentillesse:

Génial ! merci j’ai là tout ce qu’il me faut pour l’instant.

Mille mercis ! Excellent week-end !
Herbert

Un commentaire vous pourrez l ecrire ci-dessous sinon m adresser un mail: richard.jeanjacques@gmail.com

mercredi 1 avril 2020

Pandémie de peste au moyen age qui dura un an, l' Aitre saint maclou

En ces temps de CoronaVirus, je voudrais vous entretenir au sujet de la Peste, et d' un monument unique en Europe, un Ossuaire, à Rouen la Ville ou je suis né,  et ou j'ai exercé 44 ans comme Joaillier.  


Cliquer pour agrandir toutes les photos 

 L'aître Saint-Maclou tire son nom du vieux français "aitre", qui voulait dire 
« cimetière », issu du latin atrium, qui désigne la cour intérieure d'entrée précédant l'entrée d'une villa romaine, d'où par extension le cimetière situé avant l'entrée de l'église ; et de la paroisse Saint-Maclou, dont l'église du XV eme siècle se situe à proximité. Cette cour est presque carrée et était fermée, une seule entrée qu' on pouvait murer.




Pourquoi cette cour carrée fut elle construite? Et pourquoi est elle devenue un cimetière? 
C'est à cause de la Terrible Peste noire de 1348 qui dura un an . Cela tenait du cimetière et de la fosse commune, là, au centre de la cour, sous la croix et les arbres .
Pierre Cochon (l'Eveque qui fit condamner Jeanne D'arc à être brulée)  écrivit 
" la mortalité fu si grande que l on fisten plusieurs lieu, chimetière noviax, pour ce que les viex ne pouvaient soutenir les corps morts et par especial è Roèn en Normandie,"
À la suite d'une nouvelle épidémie de peste au XVI ème siècle, il fallut agrandir a nouveau le cimetière La  paroisse décide alors d'aménager des galeries surmontées de combles, destinés à contenir les ossements. L'édification de l'ossuaire débute en 1526 par la galerie ouest, sous la direction de Guillaume Rybert. Les galeries nord et est sont bâties durant les années qui suivent, elles sont achevées respectivement en 1529 et 1533.

Photo JJ Richard

L'ossuaire se compose de quatre galeries encadrant un carré central ; il est large de 32 mètres pour une longueur de 48 mètres. Les trois premières galeries sont réalisées en pans de bois au-dessus d'un soubassement en pierre, les fûts des colonnes sont sculptés de décors de la première Renaissance. La galerie du sud du XVIIe siècle est en revanche dépourvue de soubassement et de sculptures. Les galeries sont fermées par des cloisons en pans de bois maçonnés et des fenêtres lors de la construction d'un étage au XVIIIe siècle.
Les poutres sont décorées de motifs macabres, ossements, instruments 


Photo JJ Richard
Les statuettes des colonnes sont endommagées en 1562 lors des guerres de religion.

Photo JJ Richard

Photo JJ Richard

La galerie du sud n'est en revanche réalisée qu'en 1651, à la suite d'un legs du père Robert Duchesne, destiné à abriter une école pour les garçons pauvres de la paroisse, malgré l'utilisation toujours active du cimetière. La chapelle Saint-Michel est érigée par Pierre Daust en 1658. Les premières écoles datent de 1661 pour les garçons, de 1678 pour les filles.


Des fouilles récentes  en 2016 et 2017 ont été entreprises et des analyses ont prouvé que c'était bien de la peste qu'etaient morts ces gens enterrés


Photo JJ Richard

En 1705, les ossements entreposés dans les combles des galeries sont enlevés. De 1745 à 1749 les galeries sont rehaussées et les combles transformés en vrais niveaux. 700 à 800 enfants sont scolarisés dans le site au XVIIIe siècle. Le rez-de-chaussée de l'aile Ouest reste ouvert et conserve sa vocation de liaison entre la rue Martainville et la rue Géricault. L'aile Sud est construite pour l'hébergement des prêtres. Le charnier est partiellement reconstruit à la suite d'un incendie en 1758.

Photo JJ Richard

En 1768, un atelier de filature s'installe dans les lieux.
Le Parlement de Normandie (devenu le Palais de Justice) ordonne la suppression des lieux de sépulture urbains en 1779, à la suite d'une ordonnance royale. Le cimetière Saint-Maclou est en conséquence fermé en 1781. La croix centrale est détruite en 1792, et remplacée en 1818.
En 1793, l'atelier de filature est remplacé par une fabrique d'armes et un club de quartier.

Photo JJ Richard

En 1911, un pensionnat de jeunes filles remplace l'école des frères (fermée en 1907). La Ville de Rouen fait en 1927 l'acquisition des bâtiments, laissés dans un état de semi-abandon. Elle projette d'y installer le musée d'art normand qui occupait l'église Saint-Laurent, mais après restauration des bâtiments, c'est finalement l'école des Beaux-Arts qui s'y installe en 1940 après l'incendie de la Halle aux Toiles et accueillait 180 étudiants dans ses locaux, avant de déménager à l'été 2014.
Il y eut même un projet de restaurant , ce qui nonobstant le lieu symbolique, eut peut-être été une bonne idée, dans cette "cour" à l abri du bruit de la circulation.
Photo JJ Richard

Voici l'église dont c'était le cimetière, une merveille, une église ronde qui a retrouvé sa splendeur, car la guerre de 39-45 l' avait beaucoup fait souffrir. L'église est un joyau de l’art gothique flamboyant construit entre 1437 et 1517. Elle possède une façade ouest dans laquelle s'ouvre une rosace. Devant cette façade s'ouvre un porche à cinq baies disposées en arc de cercle, surmontées de galbes ajourés. Les trois baies centrales abritent trois portails dont deux sont ornés de portes en bois sculptées, œuvre des huchiers (ébénistes, sculpteurs sur bois) de la Renaissance. Le portail principal s'orne de scènes de la résurrection des morts dans ses voussures et d'un jugement dernier sur son tympan. Le porche sert d'appui, à l'angle des rues Martainville et Damiette, à une fontaine. (wikipédia)
Enfin fut reconstruit un bel orgue, 36 jeux. Trois claviers de 56 notes, Pédalier de 30 notes, Console en fenêtre.
Il a été inauguré le 21 octobre 1965 par Marie-Claire Alain.





Cette fontaine fut construite semble t il avant celle de Bruxelles, Le Manneken Piss, de plus à Rouen il y en a deux!!!!
Elle est alimentée par l'aqueduc de la source de Carville qui suit le cours du Robec qui est une rivière qui traversait la ville de Rouen pour se jeter dans la Seine , et qui passe a 30 mètres de la fontaine.
La première fontaine, établie en 1517, a été remplacée au milieu du XVIème siècle par celle-ci, attribuée semble-t-il à Jean Goujon.
On peut encore voir son tracé derrière les immeubles de la rue Damiette 




Je vous explique grâce à Google Earth (cliquez sur la photo) En blanc le parcours du Robec , il alimentait des moulins en pleine ville et vous pouvez encore voir sur son tracé des moyeux de ces moulins .  En rouge c'est la rue  Damiette , trouvez un commerçant de cette rue qui vous laisse passer pour traverser son immeuble et accéder au parcours de la rivière, La rivière a été recouverte, mais elle est toujours là, entre deux rues. La fleche blanche à droite de la photo indique l' Aitre saint Maclou.


Photo JJ Richard

Vu à partir du passage qui permet de rejoindre l'Aitre , l abside de Saint Maclou et au fond la Flèche de la Cathedrale de Rouen, 151 mètres de haut, Gustave  Flaubert la qualifie de « rêve de chaudronnier en délire »   Longtemps (16 ans) je la traversais tous les jours , le matin avec mon fils car l' école était de l autre coté, et puis raccourci pour me rendre à mon magasin.
Je la fis visiter  à Peter Townsend, Au Duc et à la Duchesse de Bedford, à l Ambassadeur d'Israel en France Mordechai Gazit et sa femme qui dechiffra les garffitis  du monument juif de Rouen, à Bertrand Flornoy, Robert Sabatier l'auteur des Allumettes Suédoises et des Fillettes Chantantes, Castelot, Paulette Merval et Marcel Merkes, Pierre Doris et tant d'autres.....


Photo JJ Richard

Cette si belle et si méconnue Cathedrale de Rouen avec à droite "la tour de Beurre"Une partie des frais de sa construction ayant été couverts par le produit d'une aumône de carême payée par les habitants de Rouen pour pouvoir manger du beurre en cette période de jeûne, les historiens s'accordent plus volontiers à trouver dans cette aumône l'origine de son nom particulier. 
Comme quoi la Religion s'est toujours arrangée avec ceux qui pouvaient payer.
C'est dans la Cathédrale qu il y a le gisant de Richard Cœur de Lion, duc de Normandie, roi d’Angleterre, qui avait ordonné que son corps fût inhumé à Fontevrault et ses entrailles à Poitiers ; mais, « en remembrance d’amour pour la Normandie », c’est à la cathédrale de Rouen qu’il avait légué son cœur.  
La relique du coeur de Richard a été retrouvé lors d une excavation dans la Cathedrale en 1838
Il y a aussi le gisant de Guillaume Longue-Épée, deuxième duc de Normandie, associé au pouvoir par Rollon son père, mourut assassiné dans une île de la Somme en 942. Comme son père, il avait été inhumé dans le haut de la nef de l’antique cathédrale d’où leurs sépultures furent solennellement transférées dans la cathédrale romane, puis dans la cathédrale gothique, Rollon au sud, Guillaume au nord. (Il ne s’agit évidemment pas des tombeaux actuels). Le monument funéraire de Guillaume Longue-Épée, placé dans la chapelle Sainte-Anne jusqu’à la restauration consécutive à la guerre, se trouve maintenant dans la seconde travée droite du déambulatoire, au nord.
Il y a aussi le tombeau de Rollon: Le premier duc de Normandie, Rollon, mort en 933, eut l’honneur insigne d’être le premier laïque enterré dans la cathédrale de son baptême, privilège réservé jusque là aux archevêques, aux abbés et aux « bons prêtres ». et beaucoup d'autres

1960-61 L' orchestre YéYé de l'ecole de joaillerie de la rue du Louvre à Paris:

  Cliquez sur les photos pour les agrandir  Michel BALDOCCHI Bonjour Monsieur Richard. Nous avons déjà eu l’occasion d’échanger quelques foi...