Dina Level n a jamais été professeur de Joaillerie, ainsi qu'apparemment l exposition sur Jean Vendome la qualifie.
On ne peut écrire sur Dina Level sans écrire sur Jean Vendôme .
Jean Vendome est né en 1930,il a fait son apprentissage de 1945 à 1948 chez son oncle Mr Der, à 18 ans, il s'installe dans le XVIII ° arrondissement
C'est en 1949 qu'il commencera les cours de Gemmologie, c'est donc une longue et vieille amitié avec Dina Level.
Ces photos m'ont été adressées par Raphael Vendôme et prise par Marc Berheim
Cet homme a fait aimer la beauté des minéraux, très souvent sous leur formes brutes, sa renommée devint internationale
Dina Level, Raphael , Jean et Thierry
Des 1950 il s'était installé Boulevard Voltaire, en 1960 j'habitais dans le 11 eme, je passais souvent à pied, surtout qu'a cette époque, les grèves de métro revenaient régulièrement avec l'alliance PC-CGT, alors nous marchions, Jean Vendôme avait mis son établi en vitrine, contre la vitre et travaillait ainsi face au public. Jean Vendôme laisse une oeuvre considérable qui n'est pas le sujet de cet article.
Il avait réalisé huit épées d'académiciens.
1970 Voici l'épée de Roger Caillois
La poignée est formée d’un pain de tourmaline bleu-vert parfaitement cristallisé, dont les cannelures sont prolongées par des baguettes d’or blanc travaillées dans le style des bagues «5e avenue». Le pommeau est une moldavite sertie de cinq diamants formant une croix. La garde est composée d’un quartz hyalin à inclusion de dendrites arborescentes sur lequel est appliqué une pieuvre stylisée sertie de 160 petits grenats taillés, l’œil étant représenté par un diamant. La partie supérieure de la lame est évidée, recevant en son centre un « vitrail » de pierres colorées : tourmalines rouge, bleue et verte, péridot, aiguë-marine, améthyste, obsidienne.
A propos de Roger Caillois et Dina, une anecdote confiée par Raphael Vendome.
Dina voulait offrir à Roger Caillois cinq ou six pierres et lui demanda un rendez vous. Dina vient avec un grand sac, Roger Caillois, collectionneur de gros cristaux était impatient de voir ce qu il y avait dans ce grand sac, Dina ouvre le sac et en sort...une binoculaire ...et..une boite d'allumettes.
Les pierres étaient dans la boite d'allumettes, Dina les mit sous la loupe pour lui montrer les inclusions à l intérieur des échantillons qu'elle avait amené. Roger Caillois fut surpris, il découvrit ces libelles, ces triphasés, ces inclusions terreuses etc .
Après avoir remercié Dina de lui avoir fait connaître ces petites merveilles de la nature, il lui dit: Cela va m obliger à faire une nouvelle collection.
Dina l'avait connu en 1949 pendant les cours de Gemmologie qu' il avait suivi, et en 1962 Jean Vendome décide de participer au salon BIJOHRCA.
(Ah que j aimais ce salon à la porte de Versailles, a part les tapis de cordes qui nous chauffaient les pieds)NDLR
Dina regarda les pierres, puis les bijoux, " Thudarian, c'est vous? comme je suis heureuse de vous revoir, maintenant que je sais que c'est vous, je ne vous quitte plus"
Lors d'une exposition, elle voit une bague avec un rubis et pensa qu' il était trop beau pour être vrai, Jean Vendôme lui dit qu'il était bon, "Montrez moi la bague, j'ai un doute, il n'est pas bon" puis, "je l'emmène au Labo" et le lendemain elle dit a Jean Vendôme," c'est un synthétique".
Jean Vendome en sa présence appelle le fournisseur "c'est pas possible" et "je ne reprend pas la pierre"
Dina prend le téléphone "écoutez Monsieur, vous échangez la pierre contre une vraie, et si vous ne le faites pas, je vous envoie les douanes" Le marchand a remplacé la pierre!!!
Ce n'est pas le sujet d'aujourd'hui , mais au passage la bague de ma mère, une grande bague de Jean Vendôme je dirais vers 1965 avec un saphir, une émeraude, un diamant, le tout en taille émeraude, sur or gris
En 1969, nous avions fait à Rouen , une exposition "Jean Vendome" et c'est la couverture de la carte d'invitation à cette exposition. Cette bague nous faisait penser au LEM, de la nasa qui venait d'alunir. Pour donner cette impression"lunaire" nous avions utilisé de la brique rouge cassée en morceaux.
J'ai du faire la connaissance de Mr Gobel et de Dina Level en 1960 lorsque je suis rentré à l ' école de bijouterie de la rue du Louvre.
Je m'étais inscrit aussi en gemmologie, au 18 rue de Provence, à cette époque Mr Gobel faisait ses cours théoriques, le soir, rue du Louvre.
Il m apparut comme un homme sévère, comme je l ai dit plus haut , un regard direct , et sous des sourcils très fournis. Il n'aimait pas être interrompu, et donnait son cours dans un grand silence.
Je me permettrais juste de dire maintenant que j ai un âge avancé, qu' il ne se rendait pas compte de son énorme savoir, de ses très grandes connaissances en physique et en chimie. Nous avions quelque fois du mal a suivre (que dis-je ..souvent)
Le lendemain, les cours pratiques étaient rue de Provence et nous posions des questions sur ce que nous n'avions pas compris à Dina Level, pardon...Mademoiselle Level.
Elle était petite, très originale dans sa façon de se vêtir et pour rattraper sa taille des talons très haut.
Contrairement à monsieur Gobel (du moins à l'âge ou je l'ai connu), elle avait du charme, et beaucoup d' humour, nous étions à l aise avec elle.
Souvent elle me demandait comment j'étais arrivé au résultat en matière d analyse des pierres, elle vantait mon "flair" mais demandait à ce que je lui explique ma conclusion.
Je me faisais gronder ( si gentiment) car j'étais arrivé au résultat mais sans avoir tout analysé
Elle vivait une passion, je me souviens du jour ou je lui avais amené un diamant de 15/100° environ, qui était cassé au tiers et en observant la "cassure" j'avais vu que c'était un cristal interne qui dépassait de cette "cassure" Elle regarda sous sa binoculaire et partit dans un enthousiasme débordant. Un octaèdre de diamant , de couleur canari avait provoque une tension qui avait amené à la cassure. Et Dina fit le tour du labo pour montrer a tout le monde ce petit diamant, elle était si contente que je lui dis "S'il vous interesse tant, je vous le donne" inutile de raconter la suite.
Je puis ajouter qu'elle avait acquis trois saphirs de ceylan "Lazes" tres épais dont la couleur bleue tenait dans un tout petit peu de la culasse(presque toutela pierre étant blanche), elle les voulait montés en bague, et c'est jean Vendome qui réussit la performance